Que de Facel ! Venues d’un peu partout
en France, mais aussi d’outre-Rhin, de Suisse, du Luxembourg et de Belgique.
Certaines semblent plus neuves qu'à leur sortie d'usine, d'autres ont pu
conserver leur sellerie d'origine, voire leur premier voile de peinture.
Quelques unes montrent ici ou là les
légitimes traces de décennies d’utilisation mais
sont visiblement toujours capables de parcourir des centaines de kilomètres.
Bernard Jaeggy, qui a été pendant plusieurs
années le président de l’association des amis du musée automobile de Mulhouse,
est notre guide pour une visite ponctuée d’anecdotes sur la fabuleuse
collection Schlumpf. Nous autres, les régionaux de l’étape habitués à arpenter
ces allées, sommes un peu moins attentifs (pardon Bernard…). Nous nous
retrouvons peu à peu en queue de groupe. J'échange avec deux alsaciens du Haut
Rhin, véritables experts « ès Facellia »,
que je connaissais de réputation ou pour avoir pu lire leurs contributions sur
le forum internet consacré à la marque.
Le repas nous est servi dans le restaurant du
musée.
L’après-midi, nous partons visiter l'autre
grand musée de la ville de Mulhouse : la cité du train. Compte tenu de la
taille de la centaine de pièces exposées, le musée se compose de plusieurs
hangars. Sur plus de 15000 m², on chemine entre – et parfois sous - les
locomotives, wagons et autres engins ferroviaires de toutes les époques.
Deux options pour le retour à
Hochbourg-Wihr : la voie rapide et directe ou la pittoresque route des
vins qui serpente d'un village à l'autre sur les coteaux. Sur cet itinéraire,
contrairement aux conducteurs, les plus grosses Facel s'autorisent à consommer
sans modération.
Dimanche matin à 9h30, les V8, 6 cylindres, 4
cylindres double arbre ou culbutés s’ébrouent.
. Nous suivons la Facel II magnifiquement restaurée par les
Allemands Diemer et Dalheimer et conduite par Christian Diemer. C’est un vrai
bonheur de voir évoluer devant nous ce chef d’œuvre automobile surbaissé, aux
proportions si inhabituelles. Pour l'instant je l'admire depuis l'extérieur,
mais je sais déjà que j'aurai un peu plus tard le privilège de poser mon séant
sur le cuir vert. Au gré des virages, on peut admirer juste devant la Facel II
la somptueuse Excellence série 2 de Pierre Schindeldecker, également
coorganisateur du rallye.
Nous empruntons d'agréables routes secondaires pour rejoindre Neuf Brisach,
petite ville fortifiée par Vauban.
Une fois encore, les organisateurs ont bien
fait les choses : nous sommes autorisés par la municipalité à garer nos
voitures sur la place centrale, au grand plaisir des passants qui peuvent ainsi
longuement les admirer.
A Neuf Brisach, Vauban n'a pas eu à composer
avec la topographie. Nous sommes dans la plaine d'Alsace et rien n'est venu
empêcher l'architecte militaire de Louis XIV de déployer son célèbre plan en
étoile. Une bonne partie des ouvrages de grès rose édifiés sous sa direction
sont présents aujourd'hui encore.
Après le repas dans un Winstub du centre
ville, changement de mode de locomotion pour le train à vapeur. Nous rejoignons
la petite gare de Vogelsheim et montons
à bord des deux wagons à plateformes qui
nous sont réservés. Nous ne sommes certes pas en première classe, mais
l'ambiance rustique-rétro rattrape tout.
Le train tarde à partir... Serait-ce u
ne grève surprise ? Pas du tout. On souhaiterait
qu'une dizaine de Facel soient disposées le long du quai pour que les
nombreux voyageurs puissent profiter du
spectacle. Quelques minutes plus tard, les voitures sont en place et la
locomotive centenaire commence à tracter le convoi. Nous mesurons à quel point le chemin de fer a progressé en
confort et en rapidité. Pour le coup, nous ne sommes pas vraiment pressés et
les secousses comme les odeurs de fumées de charbon font aujourd'hui partie du
charme. Nous avons droit à vingt minutes d'arrêt à l'endroit où s'activent les
bénévoles qui restaurent et entretiennent ces machines. D'autres passionnés,
qui ne ménagent ni leur peine ni leur énergie pour jouer aux gros trains.
Nous enchaînons avec une mini croisière sur
le Rhin, puis retour par le rail jusqu'à l'endroit où nous attendent les
voitures.
Dimanche soir, c'est donc le dîner de gala à
l'hôtel. Les organisateurs sont chaleureusement remerciés par Olivier Sorin et longuement applaudis par l'assistance.
La soirée se
poursuit sur la piste de danse et je constate que certains facellistes aux
cheveux blancs pourraient nous donner des leçons de jeunesse. Je remarque amusé
que Pierre Schindeldecker, recouvre comme par miracle toute sa mobilité lorsqu'il est
au bras d'une cavalière... Il est passablement tard lorsque je rejoins ma
chambre, mais Pierre est encore là, bien décidé à faire la fermeture !
Lundi matin, c'est le départ pour
Gueberschwihr, charmant village du vignoble accroché à flanc de coteau. Si le
temps est resté sec depuis le début du rallye, nous avons droit à une belle
averse à l'arrivée dans le village.
Quoi qu'il en soit, la pluie cesse et je vois en
me garant un cabriolet Facellia FA que je n'avais pas remarqué parmi le groupe
des voitures du rallye. Son propriétaire nous a effectivement rejoint le matin
même et m'apprend qu'il habite tout comme moi dans les environs de Strasbourg.
C'est son père qui a
acheté la Facellia en 1964, puis qui l'a remisée pendant de longues années
avant de la restaurer au début des années 2000. Je sens que nous aurons
à
l'avenir de bonnes raisons pour nous retrouver et, je l'espère, faire quelques
balades ensemble sur les routes alsaciennes.
Après une visite des rues du
village chargées d'histoire, nous sommes accueillis chez le viticulteur Clément
Weck pour une dégustation apéritive.
Un incontournable en Alsace, nous
terminons ce week-end prolongé en partageant dans la cour intérieure les tartes
flambées qui sont préparées à notre
intention.